Hommage à Raymond Labbé...

Merci, Raymond !

Raymond Labbé a quitté la barre.


Raymond Labbé avec l'équipe Asselin

Il était depuis plus de dix ans, au sein de l’association Hermione Lafayette dont il était l'un des vice-présidents, le pilote du chantier de l’Hermione.

Celui qui nous avait fait rêver bien avant le début du chantier en installant, le temps d'une fête du patrimoine, dans une des formes de radoub fraîchement dévasées de l'ancien arsenal de Rochefort, un squelette fictif de la coque de l'Hermione.

Celui qui avait imaginé une méthode et un programme de construction tout à fait particulière pour tenir compte de la durée exceptionnelle d'un chantier prévu dès le départ sur 10 ans pour pouvoir, en partie, s'autofinancer.

Celui qui veillait au grain sur le plan technique comme sur le plan financier et dont les avis, j'allais dire, les oracles étaient attendus et parfois redoutés par le constructeur et les maîtres d'oeuvre successifs du chantier.

Celui qui inspirait à tous le respect par son intégrité et sa générosité, qui lui faisait accomplir tous les mois, accompagné ces dernières années par tel ou tel de ses amis malouins,le trajet en voiture aller-retour Saint Malo-Rochefort, pour présider aux réunions de chantier.

Celui qui n'aimait rien tant que faire partager à tous, adhérents de l'association ou visiteurs, sa passion de la charpente de marine et sa connaissance intime de tous les détails d'un chantier dont il vivait passionnément, presque charnellement, toutes les étapes.

Celui qui nous avait fait cadeau de son amitié, ce carburant indispensable d'une aventure associative aussi longue, aussi exigeante que celle de l'Hermione.


Chacun l'aura compris, sans lui, sans Raymond Labbé, l’aventure de l’Hermione n’aurait jamais vu le jour !

C’est parce que les hasards de la vie nous avaient permis de croiser son chemin que nous nous sommes décidés à nous lancer dans ce défi un peu fou au moment même où sombrait le chantier du clipper de Douarnenez et où fleurissaient bien d’autres projets, souvent mieux dotés que le nôtre au départ et qui sont, depuis, restés dans les cartons.

C’est dire la place immense qu’a occupée dix années durant à la barre du chantier de l’Hermione, « Raymond », comme nous l’appelions tous avec un mélange d’affection et de respect.

Raymond la science, le bien nommé : la science, c’est dire le savoir et l’instinct, l’expérience et l’audace ! Celle de la mer, aimée et apprise très tôt au large de Saint Malo. Celle du bois, de celui dont on fait les bateaux, ceux de pêche puis de plaisance qu’il a construits de ses mains dans son célèbre chantier de Saint Malo ; tous ces bateaux de légende ou de patrimoine qu’il a contribué à réhabiliter ou à faire renaître, à commencer bien sûr par Pen Duick, celui de son ami de toujours Eric Tabarly, mais aussi le Belem, la Cancalaise ; le Renard, le Bel Espoir du Père Jaouen, le Marité sur lequel embarqua Thalassa toute l’année dernière et bien sûr l’Hermione.


L'Hermione dont il redoutait, sentant de plus en plus le poids des ans, de ne pas voir la mise à l'eau mais dont il préparait encore ces derniers jours le programme de navigation et d'entraînement avant la grand voyage américain. L'Hermione dont il présidait toujours avec le même enthousiasme et la même rigueur la commission technique, interlocuteur vigilant du maître d'oeuvre et du constructeur, sur un chantier sur le point d'entrer dans sa dernière ligne droite.

Raymond avait su s'entourer et le chantier va donc continuer et même s 'accélérer, comme prévu, en 2006. C'est notre dette vis à vis de lui et la meilleure manière de lui exprimer notre gratitude.

Nous avons eu le privilège durant ces dix années de connaître et d'aimer un grand monsieur, un de ceux qui grandissent ceux qui ont la chance de les croiser sur leur route.

Merci, Raymond, de nous avoir donné ce privilège comme le courage et l'envie d'aller au bout de nos rêves, ces rêves qui étaient aussi les tiens et qui continueront de porter ton nom.


Benedict Donnelly.
Président de l'Association Hermione-La Fayette.

Le 8 décembre 2005

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