Valse gabière
Le dimanche 1 avril 2018
Le jour de changement d’équipage du Leg 2 au Leg 3 était pourtant fixé bien avant le départ. Tous ont donc eu le temps de s’y préparer. Mais curieusement, ces dernières soixante-douze heures, nous étions beaucoup à ne plus trop savoir quel « jour nous étions ». Nous voyions bien quelques visages amis passer la coupée et annoncer qu’ils embarquaient…
Rayonnants de bonheur, ils avaient attendu cette même date en comptant les heures, depuis des semaines. Leur tour arrive enfin ! Reçus avec joie, ils ont intégré les visites de courtoisie aux autres grands voiliers du festival Escale à Sète, aux concerts ou aux animations. Mais au fond, emportés par le quotidien, nous nous blottissions dans cette routine à l’odeur de goudron, dans les rythmes et les habitude de notre collocation flottante.
Reste que ce matin, il a bien fallu se rendre à l’évidence. « A treize heures, les débarquants quittent le bord. A quatorze heures, les nouveaux venus s’installent. » annonce Marion le second. Les sacs se font, les « tiers » nettoyés de fond en comble et la gorge se noue en embrassant ceux qui doivent partir plus tôt attraper un avion pour l’Afrique ou ailleurs.
Certains gabiers disponibles, émotifs, se sauvent du bord en catimini pour ne pas assister à ces grands signes de bras sur le quai.
Plus moyen d’y couper, une dernière ascension du Grand Mât, une larme en douce sur les barres de perroquet, enlaçant le mât qui oscille, même au port. Adieu fier destrier, nous reviendrons vite, fort, bientôt. Au revoir les copains, on vous aime. Prenez soin de vous et de la frégate. On se retrouve tout vite. »
Par Sandrine, gabière